Les établissements Gerbeaud sont membres de la Société Nationale d’Horticulture de France et de l’Association des Journalistes du Jardin et de l’Horticulture et dotés d’un site web de grande qualité.
Ils nous donnent sur les nématodes contre charançons des éléments d’information très documentés et ils affichent clairement qu’ils sont efficaces en curatif et non en préventif *.
Nous avons toujours partagé ce point de vue, contrairement aux affirmations des vendeurs de ce produit, ce qui peut, à la limite se comprendre, mais aussi aux préconisations légales ce qui l’est moins !
L’article donne de précieux conseils qui permettent de réussir une application très délicate (conservation difficile, nécessité d’opérer en atmosphère humide et nocturne, respect du délai max d’efficacité 10 j ).
Nous approuvons en tous points ces préconisations pour l’utilisation de cette stratégie dont on prend bien conscience de la fragilité, ce qui explique en grande partie une efficacité réelle qui serait plutôt proche de 65 à 70 %. Néanmoins, l’utilisation des nématodes, prédateurs et donc par définition plus intelligents qu’une molécule ! doit encore figurer dans notre panoplie de lutte.
Les nématodes, de nouveaux alliés pour la lutte biologique au jardin
Les nématodes auxiliaires sont des alliés précieux pour le jardinier : parasites naturels de bon nombre d’insectes ravageurs, il détruisent chenilles, larves de hannetons ou de taupins présentes dans le sol… Une solution de lutte biologique pour se débarrasser des bestioles indésirables sans nuire à l’environnement !
En matière de lutte biologique, on connaissait les larves de coccinelle ou les perce-oreille contre les pucerons, les araignées dévoreuses de chenilles, mais savez-vous que les nématodes s’avèrent eux aussi des auxiliaires très utiles pour le jardinier ? L’intérêt qu’on porte à ces vers microscopiques est assez récent, et les recherches vont bon train pour mieux connaître ces animaux qui vivent dans le sol.
Les agronomes se sont en effet rendu compte que certains nématodes sont de redoutables ennemis naturels pour bon nombre d’insectes ravageurs des cultures, et on trouve aujourd’hui en vente dans le commerce spécialisé des préparations insecticides à base de nématodes vivants. Leur intérêt ? Ils permettent d’éliminer naturellement certains parasites contre lesquels ont ne disposait guère de moyens de traitement, notamment contre les insectes ravageurs qui vivent dans le sol. Voici comment, quand et pourquoi utiliser ces nématodes au jardin bio !
Mode d’action des nématodes auxiliaires
Les nématodes qui nous intéressent ici sont dits entomophages : ils se nourrissent d’insectes. C’est au stade de la larve que les nématodes infestent leurs proies en pénétrant dans l’organisme de celles-ci par les orifices naturels (les nématodes adultes mesurent entre 0,7mm et quelques millimètres de long, les larves sont beaucoup plus petites, pratiquement invisibles à l’oeil nu).
Ces larves sont pourvues de vésicules contenant des bactéries symbiotiques : une fois dans l’insecte, les larves de nématodes libèrent les bactéries qui envahissent l’organisme de l’hôte, provoquant sa mort par septicémie en 24 à 48h. Les larves se nourrissent ensuite des tissus, à l’intérieur du cadavre, et poursuivent leur cycle de vie. Au cycle suivant, soit 7 à 10 jours plus tard, une nouvelle génération de larves de nématodes sort du cadavre de l’insecte et regagne le sol, à la recherche de nouvelles proies.
Quels insectes ravageurs sont parasités par les nématodes ?
Les nématodes entomophages sont utilisés contre différentes chenilles (carpocapse, noctuelle, mineuses…), contre les larves de tipule, celles de mouche du terreau, d’otiorhynque, de taupin, de tigre du platane, de hanneton, ainsi que contre la courtilière, les limaces et escargots, et certains charançons (charançon rouge du palmier, charançon des petits fruits rouges…).
Comment utiliser les nématodes auxiliaires ?
Les nématodes (ce sont donc, en pratique, des larves de nématodes, qui sont les seules capables d’infester les insectes indésirables) s’achètent sous forme de sachets contenant des quantités variables de nématodes selon la surface à traiter (entre 5 et 50 millions de nématodes par sachet).
Le contenu du sachet est à diluer dans de l’eau, et la solution ainsi obtenue peut être pulvérisée sur les plantes ou mélangée à l’eau d’arrosage (on arrose alors le sol le plus uniformément possible). Une fois appliqués, les nématodes vont se mettre en quête de leurs proies, le plus souvent dans les couches superficielles du sol, ou dans certains cas, sur le tronc, les branches ou le feuillage des végétaux traités. Les premiers insectes parasités meurent en 2 jours, et il faut compter une semaine à 10 jours pour un maximum d’efficacité sur la population de nuisibles.
Au-delà de 10 jours, les nématodes n’ayant pas pu parasiter un hôte meurent dans le sol, raison pour laquelle le traitement ne peut pas être préventif : il faut traiter seulement en présence de ravageurs à détruire.
Précautions à prendre avec les nématodes
Quelques précautions s’imposent car les nématodes sont des animaux relativement fragiles :
Traitez dès l’achat du produit. A défaut, placez le produit dans le bac à légumes du réfrigérateur (la température idéale de conservation des nématodes vivants se situe entre 10 et 15°C selon les espèces, et en tout cas pas en-dessous de 4°C). Ne tardez pas à traiter : la durée de vie des nématodes conditionnés en sachets varie de quelques semaines à quelques mois, dans les conditions idéales de stockage.
Dans les rares cas de traitement de parties aériennes des végétaux (tigre du platane, charançon rouge du palmier...), procédez très tôt le matin ou tard le soir, car les rayons UV solaires détruisent très rapidement les nématodes (une fois à l’abri dans le corps de leur victime, ils ne sont plus sensibles aux UV) ou en tout cas diminuent forment leur capacité à détruire leur proie.
Appliquez sur un sol préalablement humide (après une bonne pluie par exemple, à défaut, une bonne séance d’arrosage) et dont la température est au moins supérieure à 13-15°C selon l’espèce de nématodes utilisée. Evitez les heures les plus chaudes de la journée et n’exposez jamais les nématodes au soleil.
Ne recourez à aucun traitement chimique une semaine avant et un mois après l’application des nématodes sur vos cultures.
Dans les 10 jours qui suivent l’application, maintenez humide le sol de la zone traitée.
Respectez bien les conseils d’utilisation fournis par le fabricant (espèces ciblées, mode d’emploi…).
Des nématodes sans danger pour le jardin et pour l’homme
Il existe de très nombreuses espèces de nématodes, dont seulement quelques-unes sont utilisées en lutte biologique. Il s’agit principalement de Heterorhabditis bacteriophora, de Steinernema feltiae et de Steinernema carpocapsae *(présentes à l’état naturel en France : vous en avez peut-être déjà quelques spécimens dans le sol de votre jardin !). Ces nématodes ont le grand intérêt de ne pas contaminer les mammifères (donc aucun risque pour l’homme et les animaux domestiques), ni les autres insectes auxiliaires, ni les végétaux (certains nématodes, ravageurs ceux-là, se nourrissent des racines de certaines plantes… ce ne sont pas ceux dont nous parlons ici, bien sûr !).
* En pratique la distinction est souvent difficile à faire
** pour le CRP
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