Trop drôle la science….. toujours prudent au sujet du COVARS qui aurait une certaine propensioin à souffler sur les braises exemple : COVID 19. Suivons plutot Xavier de Lamballerie xavier.de-lamballerie@univ-amu.fr UNITE DES VIRUS EMERGENTS – UNIVERSITE DE LA MEDITERRANNEE 
FACULTE DE MEDECINE DE LA TIMONE
 

 Les moustiques Aedes albopictus (moustique tigre) et Aedes aegypti qui transmettent les virus de la dengue, Zika et chikungunya sont désormais largement implantés sur le territoire national. Avec une augmentation des cas autochtones de dengue en métropole, on peut s’inquiéter du risque de multiplication, inéluctable, de foyers hexagonaux. C’est dire que l’avis du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) sur les « risques sanitaires de la dengue et autres arboviroses à Aedes en lien avec le changement climatique » était attendu [1]. Remis au gouvernement le 3 avril, ce document dresse un état des lieux des risques sanitaires émergents liés à ces trois arboviroses, à partir duquel les membres du Covars émettent plusieurs recommandations pour le futur.

« Une des principales recommandations que nous avons fait au ministre de la Santé est de faire entrer ces maladies dans le plan de préparation aux pandémies de l’Etat français » a indiqué l’immunologiste Brigitte Autran, présidente du Covars, lors d’une conférence de presse. Car « le risque [de maladies à transmission vectorielle] augmente dans la métropole mais aussi dans les territoires intertropicaux ». Et elle tient à insister sur le caractère inéluctable de ce phénomène : « c’est un risque que l’on ne peut que diminuer ou retarder mais auquel on sera confronté ». 

Des médecins de ville pas suffisamment (in)formés 

Les médecins généralistes de la métropole vont devoir apprendre à reconnaître un patient avec une arbivirose tropicale. Aussi le Covars recommande-t-il de renforcer la formation continue et l’information sur ces pathologies. Le Pr André Cabie (infectiologue, CHU de Martinique, Fort-de-France) rappelle que sans traitement antiviral disponible aujourd’hui, « il y a dans la prise en charge des erreurs à ne pas commettre et des choses à faire ». Il faut notamment savoir reconnaître les personnes à risque de développer une forme grave avec un risque de séquelle ou de décès, à savoir celles atteintes de drépanocytose et celles souffrant d’une maladie chronique telle que le diabète, l’obésité et l’HTA. L’avis du Covars recommande d’ailleurs de renforcer la surveillance et la prise en charge des personnes les plus à risque. A côté des formes graves, il existe une forme asymptomatique et une forme, la plus commune, symptomatique, pour laquelle les symptômes sont non spécifiques (fièvre, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires, fatigue…). « A la différence de la présentation inaugurale du paludisme à P. falciparum, on observe une éruption cutanée » précise le Pr Denis Malvy (infectiologue, CHU de Bordeaux), membre du Covars. Quelques idées et comportements à d’ores et déjà retenir pour le médecin de ville en métropole : la présentation clinique est similaire pour les trois arboviroses y compris pour les cas autochtones, l’hydratation est essentielle pour les patients ayant contracté la dengue car elle empêche l’évolution vers le décès des formes graves, enfin il faut absolument éviter que les patients infectés, dont le sang contient du virus, ne soient piqués par des moustiques, au risque d’infecter de nouveaux moustiques, lesquels seraient à l’origine de nouvelles contaminations…

Quant aux virus Zika et chikungunya, l’immunité conférée par les épidémies passées a longtemps empêché la poursuite de la circulation de ces deux arbovirus. « Elle baisse avec le temps, ce qui va autoriser de nouvelles vagues épidémiques dans les TUM » prévoit-il.

Plus de 90 % de la population de Martinique et de Guadeloupe a déjà rencontré le virus de la dengue, 70 % en Guyane, 85% en Polynésie Française et 55% en Nouvelle Calédonie.

Moustique tigre et JO 2024

Les zones intertropicales ne sont pas les seules à devoir composer avec les arboviroses. Avec l’implantation de leur vecteur, le moustique tigre, qui progresse de plus en plus dans l’hexagone, où il est maintenant installé sur les deux tiers sud du territoire, celles-ci sont dorénavant un objet de préoccupation en métropole.

« Il n’y a pas aujourd’hui de circulation habituelle du virus de la dengue en métropole mais il y a des cas importés de voyageurs revenant de zone où le virus est présent » explique Xavier de Lamballerie qui poursuit « depuis une dizaine d’années, on observe de plus en plus de cas de transmission autochtone rendue possible par la présence d’Aedes albopictus ». On constate la même dynamique pour le chikungunya. En 2022, ce ne sont pas moins de 65 cas autochtones de dengue (272 importés) et 12 de chikungunya qui ont été comptabilisés en Occitanie, PACA et Corse.

Cet avis ne devrait pas être à l’origine d’une quelconque panique, d’autant que le Covars estime que la France est un des pays les mieux préparés, et que son système de surveillance des arboviroses est particulièrement efficace grâce à l’expérience des TUM. Les experts recommandent quand même de s’organiser et d’établir un plan Orsec testé en conditions réelles, notamment en vue des grands événements sportifs à venir, la coupe du monde de rugby qui débute en septembre prochain et les Jeux Olympiques 2024 à Paris. Membre du Covars qui a participé à la rédaction de l’avis, le spécialiste des moustiques Didier Fontenille (entomologiste médical, IRD) plaide pour la création d’un « centre technique interprofessionnel regroupant le ministère de la Santé, les ARS, les chercheurs, les citoyens ou encore les collectivités ».

 

 

Catégories : Dengue

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